Le Compendium
      Albert Balasse

Alambic Dujardin
Modèle "Régie", type 1903

Les boissons alcoolisées, comme le vin, le cidre ou la bière, contiennent en plus de l'eau et de l'alcool, du sucre, des matières colorantes, des tanins, et d'autres additifs. Il n'est donc pas possible d'obtenir leur richesse alcoolique en y plongeant directement un alcoomètre. Il est nécessaire, avant, de les séparer de ces substances par distillation. On utilise, pour cela, un alambic.

Alambic Dujardin modèle Régie, "en usage à la Direction générale des Contributions Indirectes" - Hauteur 35, longueur 42 cm - France

L'alambic Dujardin type 1903 était en usage pour l'application des lois sur la répression des fraudes, l'exercice des distilleries et des bouilleurs de cru. L'instrument était proposé avec la verrerie nécessaire, un thermomètre et un choix d'alcoomètres au 1/10e contrôlés par l'Etat, suivant que l'on réalisait les essais sur les vins, "petites eaux", marcs, vinasses, bières ou cidres...

Notre spécimen date de 1907 et il est, pour cette année là, le numéro 27 de ce modèle.

"MON LABO..." - Catalogue des INSTRUMENTS ŒNOLOGIQUES & POMOLOGIQUES - SALLERON-DUJARDIN  - Paris, 1923

A gauche, le dispositif de chauffage. A côté, la chaudière de 0,625 litre en "cuivre rouge" et la tubulure en étain qui permet de la relier au réfrigérant. Cette "nouvelle chaudière", mise en service en 1903, est munie de la "lentille brise-mousse" (agrandie sur la photographie de droite), qui évite les projections du liquide en ébullition.

La prise d'essai de la boisson dont on désire déterminer la richesse alcoolique est obtenue en remplissant, jusqu'à son trait-repère, la "carafe", ou fiole jaugée telle que le chimiste la nomme aujourd'hui.

On verse le contenu de la fiole jaugée dans la chaudière de l'alambic en la rinçant 2 ou 3 fois avec un peu d'eau distillée qu'il faut également ajouter dans la chaudière.

Le serpentin en étain est refroidi par l'eau remplissant la cuve et dont on peut, éventuellement, assurer la circulation en continue grâce à la présence d'un dispositif de trop-plein. Les extrémités de la tubulure qui relie l'entrée du serpentin à la chaudière sont fermement assujetties par des brides à vis.

La fiole jaugée qui à été utilisée pour obtenir la prise d'essai est placée à la sortie du réfrigérant c'est-à-dire à l'extrémité inférieure du serpentin. On allume le réchaud et on procède à la distillation. La baisse de température dans le serpentin provoque la condensation de la vapeur d'alcool émise par le liquide en ébullition dans la chaudière...










Le condensat est recueilli jusqu'à remplir environ deux tiers du volume de la fiole. On est alors certain que, pour les boissons les plus courantes, la totalité de l'alcool est passée.

Après avoir retiré la fiole jaugée, on complète son volume  jusqu'au trait de jauge avec de l'eau distillée en ayant soin de réaliser l'opération à la même température que celle de la prise d'essai. Le contenu est homogénéisé par plusieurs retournements successifs puis versé, cette fois sans ajouter de l'eau de rinçage, dans l'éprouvette à pied parfaitement propre et sèche. On y plonge l'alcoomètre et, après stabilisation, on lit le degré alcoolique (ou titre alcoométrique volumique).

Les indications de l'alcoomètre sont valables pour une température de 15°C. Aussi est-il nécessaire de repérer la température de la solution alcoolique en accrochant un thermomètre dans la rainure verticale ménagée à l'intérieure de l'éprouvette de mesure.

La lecture de la température étant réalisée en même temps que la lecture du degré alcoolique, on obtient le titre alcoolique corrigé à la croisée des valeurs lues reportées sur la table de correction alcoométrique.

Nous reproduisons une partie de la table de correction alcoométrique issue de la Notice sur les instruments de précision appliqués à l'œnologie de Dujardin-Salleron. Si, par exemple, l'alcoomètre indique 12° pour une lecture réalisée à une température de 19°C, le degré alcoolique corrigé est égal à 11,4. Le constructeur propose, sur 200 pages, une table de correction pour une mesure au 1/10 de degré alcoolique.

Deux alcoomètres selon GAY-LUSSAC, divisés en 1/10e de degré, l'un de de 0 à 10° et l'autre de 10 à 20°
longueur totale : 30 cm ; longueur de l'échelle graduée : 10 cm (1cm correspond à 1degré alcoolique)

Ces alcoomètres sont contrôlés par l'Etat et portent sur le cylindre, leur numéro, les initiales DJ pour Dujardin-Salleron, leur masse (poids) avec une précision du milligramme, la marque "à la bonne foi" symbolisée par la poignée de main, et les références du bureau vérificateur. Ces indications gravées dans le verre transparent, petites et très fines, réclament, pour être visibles, que l'on joue avec la lumière...

N° 1639984

D.S
Pds 51,025

La longueur du dessin de la poignée de mains est égale à 7 mm. On peut imaginer la finesse de la gravure sur le cylindre en verre...

(poignée de mains)
D 38

Sur cette image tirée de l'édition de 1928 de la "NOTICE SUR LES INSTRUMENTS DE PRÉCISION appliqués à l'ŒNOLOGIE", Jule DUJARDIN, à gauche, introduit la prise d'essai de vin dans la chaudière d'un alambic identique à celui présenté sur cette page. Il  se sert du petit entonnoir qui, ensuite, reprendra sa place sur le réfrigérant... Devant lui, un écrin d'alcoomètres de précision, contrôlés par l'Etat.  

Note : Le constructeur est toujours présent sous le sigle L.D.S. (Laboratoire Dujardin Salleron). Les alambics proposés, aujourd'hui en verre, sont équipés d'une colonne de rectification et d'un réfrigérant à boules. Selon la loi actuelle, le titre final est donné pour une température de 20°C (et non plus 15).

Vers deux autres modèles d'alambic Dujardin-Salleron, que l'on peut voir dans le Compendium.

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352 / 2 novembre 2019