Le Compendium
       Albert Balasse

 Coffret d'électricité médicale
par Ruhmkorff

Appareil d'induction pour électrothérapie  par RUHMKORFF - Dimensions 26 x 14 x 5 cm - Vers 1870

Durant la deuxième moitié du 19e siècle, trois constructeurs, Gaiffe, Trouvé et Ruhmkorff, se sont distingués dans la fabrication des appareils d'induction de petite taille. Présentées en coffrets transportables renfermant les accessoires nécessaires à leur mise en œuvre, les bobines d'induction aux effets modérés étaient destinées à un usage médical. On pensait pouvoir soigner bon nombre de maux, en particulier les affections nerveuses et les paralysies locales, en faisant appel aux "propriétés bienfaisantes" de l'électricité. Les coffrets ou les trousses d'électrothérapie ne variaient que par leurs dimensions, la nature des piles utilisées et les graduateurs, c'est-à-dire les dispositifs de réglage.

Dans la partie gauche du coffret se trouve l'alimentation constituée par une pile au sulfate de mercure (II) - on parlait autrefois de "bisulfate de mercure" - et, à la suite, le compartiment des bobines d'induction actuellement recouvertes du double cylindre graduateur. Plus à droite et au fond sont rangées les deux électrodes cylindriques porte-éponge et, au premier plan, le flacon d'électrolyte sous sa forme cristallisée. Dans la partie droite du coffret on distingue une électrode excitatrice courbe, terminée par une olive puis un emplacement vide qui devait contenir une électrode constituée par un pinceau de fils métalliques.

Chaque élément de la pile est constituée par un godet en charbon de cornue, le pôle positif, rempli d'une solution acide de sulfate de mercure (II) dans lequel plonge une petite galette circulaire en zinc, le pôle négatif. La continuité électrique est assurée, d'une part par une lame métallique touchant la paroi extérieure du godet en carbone lorsque ce dernier est dans son logement, et d'autre part par une tige de cuivre fixée sur l'électrode en zinc. Lorsqu'elle est en place sur son support, cette tige  maintient l'électrode en zinc en suspension dans l'électrolyte sans contact direct avec la paroi interne du godet. Les deux piles sont montées en série et alimentent les enroulements primaires des bobines d'induction par l'intermédiaire du trembleur qui, en assurant la succession rapide des fermetures et ouvertures du circuit, est à l'origine du courant induit.

On distingue, à gauche dans le petit compartiment, l'interrupteur à marteau ou trembleur ainsi que, au-dessus, les bobines qui sont, actuellement, partiellement recouvertes par le double cylindre graduateur. Au moment de l'induction, ce double cylindre graduateur, ou diaphragme, devient aussi le siège de courants induits qui tendent à s'opposer à ceux qui se produisent dans les bobines.

En conséquence et lorsque le diaphragme recouvre complètement les bobines, la commotion est faible ; elle augmente en force à mesure que l'on découvre les bobines, en tirant, par le bouton B, le diaphragme en dehors du coffret.

Les fils de connexion n'appartiennent pas au coffret : ils sont momentanément empruntés à l'une de nos autres bobines d'induction à usage médical.

L'une des électrodes cylindriques possède encore son éponge qui, humectée avec de l'eau salée, permet un meilleur contact électrique avec les parties à traiter ...

COURS DE PHYSIQUE par A. GANOT - PARIS, 1863

Un élément intéressant consiste en cet interrupteur rotatif à dents situé à côté des bornes de sortie D. En le faisant tourner manuellement on met successivement en contact les pointes des dents avec une lame flexible en acier, ce qui, à chaque fois, ferme le circuit d'alimentation des bobines inductrices.

On peut provoquer des électrisations et coupures saccadées et franches plus espacées que lors de l'utilisation simple du trembleur. Les secousses ressenties, dues à l'extra-courant, sont plus fortes. Cet interrupteur est accompagné d'un dispositif de verrouillage en position "circuit ouvert" comme on le voit sur l'image de droite.

NOUVEAUX ÉLÉMENTS DE PHYSIQUE MÉDICALE
V. DESPLATS et C.-M. GARIE - PARIS, 1870

Le coffret est longuement décrit dans le DICTIONNAIRE DE MÉDECINE ET DE THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE ET CHIRURGICALE de E. BOUCHUT  et A. DESPRES dans sa deuxième édition de 1873. En conclusion de la description, les auteurs émettent un avis pour le moins positif :      

"Cet appareil est le plus portatif, le plus commode, le plus simple, et en même temps le plus énergique de tous les appareils électro-magnétiques dont on puisse faire usage ; joignons à cela qu'il divise les deux courants, le courant inducteur, le courant induit, ce qui est fort commode pour ceux qui persistent à croire, malgré l'évidence des faits, que ces deux courants exercent une action physiologique différente ; en même temps son bas prix le fera répandre promptement dans la pratique. Il n'est aucun appareil électro-magnétique plus facile à manier, moins sujet à se déranger et plus portatif. En fait d'appareil électro-magnétique et quand on passe par-dessus l'inconvénient de la pile, c'est celui qu'il faut préférer." (Nous sommes en 1873)

Dans la traduction française de 1884 du TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DE PHYSIQUE MÉDICALE  du Dr W.Wundt, il est reproché à l'appareil portatif de Ruhmkorff le fait que les bornes de branchement des électrodes, la vis de réglage de la rapidité des oscillations du trembleur et l'interrupteur à dents, sont très saillants à l'extérieur et donc vulnérables. La remarque est fondée et c'est, sans doute, ce qui a conduit un ancien utilisateur à faire fabriquer un deuxième coffret de protection particulièrement efficace ...

Dans le coffret, un ancien flacon d'électrolyte de la PHARMACIE CENTRALE DE FRANCE, le "bisulfate de mercure", utilisé pour la mise en oeuvre de la pile.

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