Le Compendium
      Albert Balasse

Liquomètre
MM. Musculus, Valson & GIE

L'instrument, destiné à donner la richesse alcoolique des vins ne refermant pas de sucre, est basé sur le phénomène de la capillarité. Dans un tube très fin, la colonne d'eau qui se forme en faisant affleurer le liquide est beaucoup plus haute que celle obtenue en faisant l'expérience avec de l'alcool pur. Dès lors, l'eau alcoolisée atteint des hauteurs variables suivant les proportions relatives d'eau et d'alcool existant dans le mélange.

Sur la notice du constructeur, le tube capillaire, son support et le petit réservoir dans lequel sera introduit le vin - Vers 1865

Le liquomètre se compose essentiellement d'un tube capillaire AB d'une dizaine de centimètres de longueur, divisé en degrés alcooliques. Il est porté sur un support PP que l'on positionne, par un système de fixation à baïonnettes, sur un petit récipient contenant la boisson à éprouver. Par glissement vertical du tube, on fait affleurer sa pointe A avec la surface CC du liquide et on aspire légèrement, sans produire de bulles. Après avoir cessé l'aspiration, la division au niveau de laquelle le liquide s'immobilise en redescendant dans le tube indique le degré alcoolique.

Hauteur totale : 13 cm

La notice qui accompagne l'instrument donne certains détails opératoires qu'il est nécessaire de respecter. Elle insiste sur l'influence de la température (le tube est gradué pour une température du liquide à essayer de 15°C) et signale que le liquomètre indique un titre légèrement supérieur à celui que l'on obtient avec un alcoomètre sur un liquide obtenu par distillation. Aussi, un "Tableau des corrections à faire subir aux Degrés apparents du Liquomètre pour le faire concorder avec l'Alambic et tenir tenir compte de la Température" est intégré à cette notice...

Le diamètre du tube capillaire est très faible et l'épaisseur réduite sous laquelle est observée la colonne de vin lui confère une teinte pale. On lit toutefois le résultat sans problème :  ici,11°.

Les ANNALES DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES INDUSTRIELLES DE LYON de 1866, présentent un Rapport sur ce liquomètre. Son auteur, même s'il regrette que l'instrument ne soit pas nommé vinomètre ou œnomètre pour bien rappeler son usage, parle des bons résultats obtenus lors de différents essais sans omettre de signaler les corrections à faire par rapport aux valeurs qui seraient trouvées par distillation :

(Document Google Books)

Dans l'écriture de la marque, que ce soit sur la notice ou sur l'instrument, l'abréviation Gie correspond au nom d'un troisième personnage : Mr Garcerie. Il n'est pas surprenant que "& Gie" soit, dans quelques articles et catalogues, devenu "& Cie" donnant ainsi Musculus, Valson et Compagnie...

A l'opposée du nom de l'instrument, le fabricant :
CHATEAU  23, Rue du Temple à PARIS

Au dos du tube capillaire, une petite coquille amusante : ce sont les créateurs M V et Gie, et non le liquomètre, qui apparaissent brevetés s.g.d.g. !

L'instrument se range dans une boîte métallique. Le tube capillaire est préalablement placé dans un tube de protection en verre d'une douzaine de centimètres dont les deux extrémités sont pourvues de liège. Concernant notre spécimen, ce tube était enroulé dans des fragments de lettres émanant de la Direction générale des Douanes et des Contributions indirectes de l'Isère et plus précisemment de Grenoble. On y relève une date écrite à la plume : 1867.

Un article du JOURNAL de L'AGRICULTURE de juillet 1869 est consacré à la loi du 8 avril 1869 imposant une taxe aux vins étrangers entrant en France et renfermant plus de quatorze centièmes d'alcool. Cet article indique que la douane a admis le liquomètre de Musculus, Valson et Cie (sic). Les raisons de cette adoption semble être la facilité d'utilisation et la rapidité d'obtention des résultats.

(Document BnF Gallica)

Dans le BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT POUR L'INDUSTRIE NATIONALE de 1869 :

 (Document CNUM - Conservatoire numérique des Arts et Métiers) - http://cnum.cnam.fr

Revenant à l'article des ANNALES DES LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES INDUSTRIELLES DE LYON de 1866, on peut lire :

Où l'on découvre que l'un des créateurs du liquomètre, Mr Garcerie, était haut fonctionnaire à la direction des Douanes et des Contributions indirectes de l'Isère...

La boîte de rangement est en zinc soudé à l'étain. Le compartiment étroit est destiné au tube capillaire dans son tube de protection entouré de la notice ; le grand compartiment, dont le fond est garni de copeaux de papier, abrite le réservoir et le support. La hauteur de la boîte est égale à 13 cm.

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433 / 21 mai 2023