Le Compendium
      Albert Balasse

Pile à godets de 1 livre métrique
"au P lauré"

Pile à godets de 1 livre ou 500 grammes "au P lauré"
Hauteur 4 cm ; diamètre maximum du tronc de cône 5,5 cm


(1ère partie de la période transitoire de mise en place
du système métrique : entre 1815 et 1830)

Sept godets et une pastille centrale, totalisant 8 onces, sont contenus dans un boîtier marqué 8 onces. L'ensemble, de 16 onces, correspond à 1 livre métrique de 500 grammes telle qu'elle est définie par le décret impérial du 12 février 1812 relatif aux poids et mesures et non, comme jusqu'alors, à la livre de l'Ancien Régime, livre du poids de marc, ou livre de Paris, équivalant à 489,5 grammes. Ce décret instaure en effet, durant la période de mise en place du système métriquie, l'utilisation des noms des subdivisions de la livre de l'Ancien Régime, l'once, le gros et le grain, pour nommer les fractions de la livre de 500 grammes.

L'encadré qui suit est réalisé à partir du "RECUEIL D'INSTRUCTIONS SUR LES POIDS ET MESURES, imprimé par ordre de Son Excellence LE COMTE CORBIÈRE, Ministre de l'Intérieur, pour être adressé à tous les Départements" (1827). Il fait référence au décret impérial du 12 février 1812 pour ce qui concerne les noms des subdivisions de poids et de leur valeur exprimée en grammes. Une différence toutefois, l'Arreté pour l'exécution du décret (BnF Gallica) donne les valeurs avec la précision du dixième de gramme.

Sur le tableau de droite du document qui précède (établi en 1827), une erreur s'est glissée dans le poids en grammes du godet marqué deux onces : il faut lire 62. 50 et non 62. 05.

Boîtier, godets et pastille centrale portent :
. la marque du balancier : pour notre spécimen, le P lauré,
. le poids de l'élément considéré en grammes et son appellation, conservée de l'Ancien Régime, en onces et gros.
. l'empreinte laissée par le poinçon indiquant que le poids a été vérifié avant la mise en circulation : ici, la fleur-de-lys.

1 once

Demi-gros

1,9 gramme

31,2 grammes

La fleur-de-lys, attestant la vérification première, a été utilisée de 1815 à 1830. Elle est remplacée par une couronne inscrite dans un pentagone jusqu'en 1847, puis par la marque du poinçon "à la bonne foi", symbolisée par une poignée de mains.

Pour le législateur, la mesure instaurant l'utilisation des noms des subdivisions de la livre de l'Ancien Régime, pour nommer les fractions de la livre de 500 grammes avait pour but de faciliter la mise en place du système métrique : elle n'a fait qu'entretenir la confusion. La loi du 4 juillet 1837 abrogera le décret du 12 février 1812 en interdisant, à partir de 1840, l'utilisation des anciennes divisions et en imposant la division décimale.

Le nom de livre sera conservé en tant que synonyme des 500 grammes : il figurera longtemps sur les poids "en fer", semblables à celui que nous avons placé près de la pile à godets, afin de la différencier de la livre de l'ancien régime correspondant à 489,5 grammes.

Concernant les poids en fer, le Manuel des vérificateurs des poids et mesures par Ed Collin (Paris, 1875) précise que les empreintes du poinçon de vérification première et périodique, ainsi que la marque du fabricant, sont apposés sur une quantité de plomb suffisante, coulée d'un seul jet, et servant également à ajuster le poids. Ces indications sont bien visibles, ici, en retournant le poids. Sur les images de droite, on voit la marque du balancier ("L", en le retournant) et l'empreinte du poinçon à la fleur-de-lys indiquant que, comme la pile à godets, le poids en fer a été fabriqué entre 1815 et 1830.

Vers une autre pile à godets, portant l'empreinte du poinçon à la couronne (1831-1847).

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