Le Compendium
      Albert Balasse

Microscope Gaudin
à "lentille en cristal de roche fondu"

Devant le coffret d'un microscope composé, la petite boîte en acajou qui contient le microscope Gaudin. On se rend compte de sa petitesse à côté de la clef du coffret. Elle ne mesure que 5,5 x 4,3 x 2,8 cm...

MICROSCOPE GAUDIN - Lentille en cristal de roche fondu. France, vers 1850

Le coffret renferme l'œilleton et son support cylindrique, quelques petites lames porte-objet de 43 x 10 mm et un fin tube en verre dont le diamètre intérieur est égal à 2 mm. Pour les observations, les lames ou le tube sont appelés à traverser le support cylindrique par des orifices appropriés pour être maintenus en place. La hauteur du microscope est de 2,3 cm.

Les travaux de Marc-Antoine GAUDIN, physicien et chimiste font l'objet d'un mémoire lu à l'Académie des Sciences lors de sa séance du 24 mais 1841. Gaudin y donne les détails de ses recherches relatives aux matières réfractaires et conclut sur les résultats qu'il a obtenus avec la silice : "Avec les globules de silice j'ai fait des lentilles de microscope d'une clarté prodigieuse, et qui sont bien près d'être achromatiques, tant le pouvoir dispersif de cette substance est faible".

Le fond du support cylindrique est percé d'un trou circulaire jouant le rôle de diaphragme. Ce côté étant dirigé vers une source lumineuse, seuls les rayons lumineux voisins de l'axe du cylindre parviennent jusqu'à la lentille ce qui est une des conditions d'obtention de bonnes images. La mise au point est réalisée par glissement de l'oeilleton dans le support cylindrique.

Une patte de mouche, la coupe transversale d'une tige d'aristoloche et enfin une barbe de plume de colibri sont observées à travers l'œilleton du microscope Gaudin disposé, pour faciliter la prise de vue, non sur son support mais sur le bras d'un microscope simple muni d'un statif. Les images obtenues sont acceptables pour un si petit instrument. Toutefois, le diamètre de la zone observée est faible ce qui ne facilite pas l'investigation à la surface de la lame.

Nous avons comparé les champs offerts par la lentille de Gaudin - on distingue à peine cette lentille au centre de l'œilleton que l'on voit ci-dessous - et par un microscope classique

Il s'agit de sporanges de fougère, observés d'une part avec le microscope Gaudin (ci-dessus), d'autre part avec un microscope composé classique (à droite).

Les deux photographies sont à la même échelle : un seul "anneau mécanique" (en jaune et noir, dont le rôle est de provoquer l'expulsion des spores comme sur le dessin tiré d'un ancien manuel d'Histoire Naturelle) est visible à travers la lentille de Gaudin alors qu'on en voit de nombreux à travers le microscope (même si la photo est réduite de moitié...). Le champ de la lentille de Gaudin est en effet restreint, d'une part parcequ'elle est très petite, son diamètre est inférieure au millimètre, et d'autre part parcequ'elle est placée très en retrait par rapport à l'œil ou l'objectif de l'appareil photographique pour éviter que soit trop visible l'importante déformation à la périphérie des images.

Sur L'ILLUSTRATION du 21 février 1852, Noël Paymal Lerebours, opticien constructeur d'instruments d'optique,  décrit sous le titre "Des microscopes usuels" un certain nombre de petits instruments "dans le but de donner quelques avis, et de guider dans leur choix les jeunes naturalistes et toutes les personne qui se livrent à l'étude des sciences naturelles, soit par goût, soit pas distraction". Dans l'article où il est question "d'instruments usuels d'un prix peu élevé et d'un assez petit volume pour être mis dans la poche" le microscope Gaudin occupe une place importante. Les dessins qui, à gauche, représentent le microscope sous sa forme générale puis en coupe, ainsi qu'une partie de l'article, sont tirés de ce numéro du journal.

L'ILLUSTRATION, JOURNAL UNIVERSEL - 21 février 1852
Document "le Compendium"

Le grossissement de notre spécimen, de l'ordre d'une cinquantaine de fois, le place dans la même catégorie que les microscopes utilisant la lentille de Stanhope, comme le floroscope. Ce résultat demeure très en deçà des valeurs indiquées dans les publicités anciennes. Certaines apparaissent d'ailleurs particulièrement fantaisistes...

A gauche, une publicité dans la GAZETTE DES TRIBUNAUX du 9 janvier 1850 : le microscope peut grossir jusqu'à 10 millions de fois! Le 21 avril suivant, l'annonceur utilise la même revue, et rectifie ses chiffres en indiquant un grossissement de 3000 à 40 000 fois en "surface", qui correspond à un grossissement d'un peu plus de 50 à 200 "diamètres". Ces chiffres, exprimés comme c'était la coutume autrefois, en "surface" ou en "diamètre", deviennent plus raisonnables...

Dans le onzième tome de l'ouvrage Le TECHNOLOGISTE, OU ARCHIVES DES PROGRÈS DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE, paru en 1850, Gaudin s'explique sur son choix d'indiquer le grossissement de son instrument en "volume ou totalité"...

A gauche, une partie de l'article de Gaudin numérisé par le CNUM :
Conservatoire numérique des Arts et Métiers - http:/cnum.cnam.fr

A côté de notre spécimen, un article de "REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE"
par F.E. GUÉRIN-MÉNEVILLE et Ad. FOCILLON - Aout 1850

Copyright © - 2007/2014-2021 - Le Compendium / Albert Balasse  - Tous droits réservés

LOUPES ET MICROSCOPES
DE POCHE

ou :

ACCUEIL

OPTIQUE

NOUVEAUTÉS

PLAN DU SITE

SITE MAP

 Pour me laisser un message : ABCompendium@orange.fr                                                                 Albert BALASSE